[ Dossier Spécial - Le numérique en éducation #2 ] Vers une réduction des inégalités numériques

Ces inégalités se sont davantage creusées pendant la crise sanitaire en raison de la fermeture précipitée des établissements. 

Les élèves équipés à la maison ont pu s’adapter à ces nouveaux modes d’apprentissage en distanciel. Les enseignants ayant une appétence pour le numérique ont également saisi cette opportunité pour innover et repenser leurs pratiques pédagogiques. En revanche, les inégalités numériques se sont aggravées dès lors que les élèves et enseignants n’avaient pas accès à du matériel informatique personnel ou ne maîtrisaient pas suffisamment les usages du numérique au quotidien.

De cette situation émerge un enjeu de taille : permettre à l’école de réduire ou du moins atténuer ces inégalités numériques.

En croisant les résultats des enquêtes TALIS et CNESCO, il est intéressant de noter qu’une proportion assez faible des enseignants du primaire et secondaire se sent à l’aise ou suffisamment formée aux TICE (29% dans l’enseignement secondaire contre 16% en primaire). De même, sur un échantillon d’élèves de 4ème, 43% ont un niveau faible en littéracie numérique, ne maîtrisant pas l’utilisation d’un ordinateur, la modification d’un document ou encore la recherche et collecte d’informations sur Internet.

La comparaison avec d’autres pays européens (Belgique, Danemark, Suède) met en évidence une appropriation hétérogène des outils numériques à des fins pédagogiques. En moyenne, 46% des enseignants européens déclarent adopter des pratiques numériques au quotidien avec leurs classes contre 36% en France, au niveau collège.

Récemment, des initiatives politiques ont vu le jour en Europe afin de réduire la fracture numérique dans l’enseignement et ainsi replacer le numérique au cœur des apprentissages. Nous pouvons citer le Pacte pour un enseignement d’excellence mis en place par le gouvernement belge ou encore le Plan d’action de l’Union européenne en matière d’éducation numérique (2021-2027). L’objectif étant de permettre aux élèves européens d’acquérir un socle solide de connaissances et compétences numériques tout au long de leur scolarité.

A l’heure où le numérique nous entoure dans les sphères privées et professionnelles, il est essentiel d’accompagner les enseignants et élèves sur des sujets divers tels que la sensibilisation au numérique responsable (données personnelles, cybersécurité, pratiques moins énergivores) et la prise en main d’outils répondant à des usages et besoins du quotidien.

Alors comment faire en sorte que les enseignants et les élèves puissent se saisir du numérique à bon escient et dans leur propre intérêt ? Comment peuvent-ils s’approprier des outils et ressources numériques (aussi nombreuses soient-elles) à des fins pédagogiques et d’apprentissage ?

En adaptant le niveau d’apprentissage au numérique tout au long de la scolarité, il est possible de former les élèves à devenir des citoyens de demain. Ils seront capables de collecter et vérifier des informations mais aussi de se saisir d’outils adaptés à leurs usages (communication, traitement de texte, tableur, gestion documentaire, etc). L’objectif premier d’un accompagnement au numérique est de les aider à choisir les moyens numériques adaptés à leurs expériences d’apprentissage, en toute autonomie.

Idem pour les équipes enseignantes qui auront besoin de formations adaptées à leurs objectifs pédagogiques et d’inclusion. S’ils trouvent un intérêt personnel et des bénéfices collectifs à intégrer le numérique dans leurs enseignements et leurs pratiques professionnelles, ils pourront se saisir aisément de ces outils au bon moment. Ces mécanismes d’appropriation prennent du temps et ne sont pas linéaires. Des méthodologies d’accompagnement ciblées existent, il suffit de les explorer...